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<!-- TOC depthFrom:1 depthTo:6 withLinks:1 updateOnSave:1 orderedList:1 -->
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- [Chimie artificielle](#chimie)
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- [Définition](#définition)
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- [Formalisation](#formalisation)
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- [Recherche des briques de la vie](#recherche-des-briques-de-la-vie)
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- [L'hypothèse d'Alexandre Oparine](#hypothese)
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- [L'expérience de Miller-Urey](#experience)
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- [Formation d'une membrane](#formation-dune-membrane)
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- [Proposition de modèle - formation de micelle](#proposition-de-modèle-formation-de-micelle)
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- [Automate de tesselation](#automate-de-tesselation)
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- [Prolongement](#prolongement)
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- [Protocellule théorique[^4]](#protocellule)
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- [Références](#références)
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# Chimie artificielle <a name="chimie"></a>
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L'évolution a inventé de nombreuses formes de vie. Si elles sont très diverses dans leurs formes, leurs possibilités, leurs modes de duplication, elles reposent toutes sur des mécanismes chimiques. Nous souhaitons l'évoquer dans le cadre de ce court chapitre pas en tant que chimiste, mais en tant que modélisateur, c'est donc vers la chimie artificielle que nous nous tournons.
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## Définition
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La chimie artificielle repose sur la description d'un système de type chimique utilisant des objets appelés molécules, qui interagissent selon des règles ressemblant à des règles de réactions chimiques.
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Elle est souvent utilisée pour comprendre les propriétés fondamentales des systèmes chimiques et en particulier les systèmes prébiotiques. Dans ce cadre, lié à la vie artificielle, les questions posées sont :
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* origine et évolution des molécules informatives, acides nucléiques et protéines ;
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* apparition et évolution du métabolisme assurant l'utilisation des matériaux et de l'énergie de l'environnement pour le fonctionnement cellulaire (approvisionnement énergétique, biosynthèses, reproduction) ;
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* origine des molécules permettant la compartimentation et de la première cellule limitée par une membrane.
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Les réactions chimiques - souvent biochimiques - sont simulées par ordinateur, donnant un aperçu de l'évolution, de l'auto-assemblage et d'autres phénomènes biochimiques.
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On n'utilise pas de produits chimiques réels et cela ne doit pas être confondu avec la chimie de synthèse ou la chimie computationnelle.
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### Formalisation
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Un système de chimie artificiel est défini par un triplet $`(S, R, A)`$, dans lequel :
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* $`S`$ est l'ensemble des molécules, $`S=\{s_1, ..., s_n\}`$, $`n`$ est donc le cardinal de l'ensemble et c'est le nombre de molécules. Dans certain cas $`n`$ peut être considéré comme infini.
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* $`R`$ est un ensemble d'opérations n-aires sur les molécules appartenant à $`S`$. C'est l'ensemble des règles de réaction $`R=\{r_1,....r_q\}`$. Chaque règle $`r_i`$ est définie comme une réaction chimique.
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* A est l'algorithme qui décrit comment appliquer les règles de $`R`$ à un sous ensemble
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$`P \subset S`$.
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## Recherche des briques de la vie
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À ce jour, on considère que l'age de l'univers est $`t\sim 13,819\times 10^{9}`$ ans et que la Terre est beaucoup plus jeune :smiley: puisqu'elle aurait $`4,54 \times 10^9`$ annés. La vie y serait apparue rapidement puisque les plus anciens micro-organismes fossiles sont datés d'au moins $`3,5 10^9`$ ans. La question reste encore ouverte car des nouvelles découvertes laissent penser qu'elle aurait pu apparaître il y a $`4,28 \times 10^9`$ années.
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<figure>
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<img src="uploads/cadf9e2fa361838dff09c3601e669eac/Stromatolites.jpg" />
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<figcaption>Stromatolithes du Précambrien. Source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Stromatolites.jpg</figcaption>
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</figure>
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### L'hypothèse d'[Alexandre Oparine](https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Oparine)
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<a name="hypothese"></a>
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Dans les années 1920, le biochimiste russe Alexandre Oparine émet l'hypothèse
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que des composés chimiques comme le méthane, le dioxyde de carbone ou l'ammoniac
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qu'il y a eu dans l'atmosphère de la terre primitive sous l'action des rayons UV du Soleil ou des éclairs, ont pu réagir en se cassant pour former des coacervats (typiquement des gouttelettes de lipides). Cela aurait constitué une soupe primitive et les molécules organiques auraient permis la formation des premières cellules vivantes.
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L'atmosphère terrestre n'était pas celle que l'on connait aujourd'hui, elle était peut-être (sans doute) dépourvue d'oxygène et donc, il est possible que les molécules aient pu se constituer sans être oxydées. L'oxydation conduisant à une dégradation (cf. toute les pubs sur les anti-oxydants pour ne pas vieillir). L'apparition de la vie et le développement de la photosynthèse faisant le reste. Cette dernière apparaît il y a plus de $`3,7 10^9`$ d'années chez des bactéries sulfato-réductrices
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### L'expérience de [Miller-Urey](https://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9rience_de_Miller-Urey)
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<a name="experience"></a>
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En 1952 le doctorant de Harold Urey, Stanley Miller a testé la théorie d'Aleksandre Oparine en réalisant une expérience. Il a constitué un mélange de gaz supposé représenté l'atmosphère de la Terre primitive (méthane, ammoniac, dihydrogène, vapeur d'eau), il a simulé l'océan avec une fiole d'eau chauffée et utilisé un arc électrique pour réaliser les impacts d'éclairs.
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<figure>
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<img src="uploads/bf103e5074d56323d4a6c426bc635fbe/Miller-Urey_experiment-fr.svg.png" />
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<figcaption>Montage expérimental de Miller Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9rience_de_Miller-Urey#/media/File:Miller-Urey_experiment-fr.svg <br/></figcaption>
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</figure>
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Les résultats de l'expérience ont montré que des acides aminés, les blocs constitutifs de la vie, peuvent se former dans ces conditions.Stanley Miller a mis en évidence la présence de 11 types différents d’acides aminés.
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Une critique est faite actuellement car les modèles (actuels) d'atmosphère primitive tablent sur une atmosphère moins riche en hydrogène et plus riche en $`CO_2`$.
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Du gaz, de l'eau, des éclairs et les briques de la vie sont là !
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## Formation d'une membrane
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Nous avons défini la [vie](/Qu'est-ce-que-la-vie#la-vie-en-master-1) comme l’une des propriétés émergentes d'un système autopoïétique dissipatif. L'un des élément fondamental est la clôture opérationnelle qui se traduit dans le cadre du vivant par une membrane. Nous allons tenter dans ce qui suit de décrire les mécanismes de formation potentiels et de ce fait comment éventuellement modéliser la formation d'une membrane à partir de composant physico-chimiques simulés.
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Les membranes servent à contrôler sélectivement ce qui rentre et ce qui sort
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elles sont constituées en majorité de phospholipides. Ces derniers possèdent une queue hydrophobe (qui craint l'eau) et un groupe de tête hydrophile (qui aime l'eau).
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Lorsque les phospholipides sont dans l'eau, les molécules s'organisent spontanément de sorte que les queues soient protégées de l'eau, cela entraîne la formation de structures membranaires telles que des bicouches, des vésicules et des micelles.
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<figure>
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<img src="uploads/f712749c6656a15fd92feda564819c60/290px-Lipid_bilayer_section.gif" />
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<figcaption>Double couche lipidique Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/f0/Lipid_bilayer_section.gif/290px-Lipid_bilayer_section.gif <br/></figcaption>
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</figure>
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### Proposition de modèle - formation de micelle
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On va définir un milieu composé de molécules d'eau et de phospholipides. Les phospholipides ont une extrémité hydrophile et une autre extrémité hydrophobe. L'extrémité hydrophile est attirée par l'eau et l'autre extrémité repousse l'eau.
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À chaque pas de temps, chaque molécule choisit une autre molécule dans sa zone d'interaction. Il y a plusieurs cas possibles :
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* 2 molécules d'eau ;
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* 1 molécule d'eau et une tête hydrophile d'un phospholipide ;
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* 2 têtes hydrophiles ou 2 têtes hydrophobes.
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La molécule choisie se déplace (vers l'autre) en fonction d'une force d'attraction fixée. Sinon nous sommes en présence d'une molécule d'eau et d'une tête hydrophobe, la molécule choisie se déplace (s'éloigne) en fonction d'une force de répulsion.
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Après ce déplacement, on vérifie, en fonction d'une distance fixée, que la molécule n'est pas trop proche d'autres molécules, si c'est le cas on déplace cette dernière.
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Vous coderez en Processing ou Netlogo, ce modèle et vous proposerez des mesures permettant d'étudier la trajectoire du système, ainsi qu'un plan d'expérience.
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## Automate de tesselation
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Dans ce qui précède, on a donc vu qu'il était possible de créer une membrane définissant une clôture. Pour aller plus loin, il faut maintenant imaginer un système qui puissent l'autoproduire. On retrouve ici, le concept d'autopïese, du grec autos (soi) et poiein (produire), déjà présenté.
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McMullin et Varela ont propose un "modèle minimal" de l’autopoièse[^1]. Ce dernier a été modifié par Bourgine et Stewart[^2], qui l'ont simplifié. Ils le définissent de la façon suivante[^3] :
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* L’automate comporte une membrane $`M`$ formée de composants $`C`$.
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* Les composants $`C`$ se dégradent en des composants $`D`$ : $`C \rightarrow D`$. La vitesse de cette réaction dépend d’un paramètre qui correspond au taux de désintégration spontanée. Le composant D s’échappe dans l’environnement extra-cellulaire, laissant derrière lui un trou dans la membrane.
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* Les composants B sont formés à partir de deux molécules A : $`A+A \rightarrow B`$. Cette réaction est catalysée par la surface intérieure de la membrane. La vitesse de cette réaction dépend d’un paramètre qui correspond à l’efficacité de la catalyse.
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* Les molécules A sont disponibles dans le milieu extérieur, avec une concentration fixe $`C_0`$. $`A`$ diffuse librement à travers la membrane ; puisque la concentration de $`A`$ à l’intérieur de la membrane est diminuée par la réaction chimique $`A+A \rightarrow B`$, il y a un flux de molécules A vers l’intérieur.
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* La membrane est imperméable aux molécules $`B`$, qui s’accumulent dans l’espace intracellulaire. Si une molécule $`B`$ rencontre le bord d’un trou dans la membrane, elle s’attache à la surface et devient une molécule $`C`$ qui répare le trou partiellement ou totalement le trou. Si le trou est plus grand qu’une molécule $`C`$, il y est possible avec une certaine possibilité que la molécule $`B`$ passe par le trou sans s’attacher aux bords. Cette probabilité augmente avec la taille du trou. Si une molécule $`B`$ passe effectivement par un trou, elle est perdue dans le milieu extérieur.
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Vous coderez en Processing ou Netlogo, ce modèle et vous proposerez des mesures permettant d'étudier la trajectoire du système, ainsi qu'un plan d'expérience.
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## Prolongement
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Combinez les deux modèles.
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## Protocellule théorique[^4]
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<a name="protocellule"></a>
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Une protocellule "théorique" est composée uniquement de deux composants moléculaires : une membrane phospholipidique encapsulant de l'ARN ribosomique. Cette protocellule extrémement simple et réduite peut croître, se répliquer et évoluer.
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<figure>
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<img src="uploads/ad21e77365be224aab30cea55e8f4866/protocellIllustration.jpg" />
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<figcaption>Protocellule avec sa membrane l'ARN. Source : http://exploringorigins.org/protocells.html <br/></figcaption>
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</figure>
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Le site exploringorigins[^4] nous propose une vidéo simulant l'évolution d'une protocellule.
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La protocellule d'origine contient deux ARN réplicases (ou ARN polymérase ARN-dépendante)
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qui peuvent réaliser des copies des unes des autres. La membrane elle se développe grâce à l'ajout d'acides gras provenant des collisions de micelles. Cela provoque l'augmentation de la surface de la protocellule alors que le volume reste constant, ce qui entraîne l'allongement et une instabilité accrue de la membrane de la protocellule. La membrane se divise finalement, formant deux protocellules filles, avec les réplicases d'ARN réparties au hasard.
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# Références
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[^1]: McMullin, Barry, et Francisco J. Varela. (1997). _Rediscovering computational autopoiesis_. Santa Fe Institute.
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[^2]: Bourgine Paul et Stewart John. (2004). _[Autopoiesis and cognition](https://www.mitpressjournals.org/doi/pdf/10.1162/1064546041255557)_. Artificial life, 2004, vol. 10, no 3, p. 327-345.
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[^3]: La description donnée ici est une reprise de celle proposée par Bourgine et Stewart.
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[^4]: http://exploringorigins.org/protocells.html
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- [Chimie artificielle](#chimie)
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- [Définition](#définition)
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- [Formalisation](#formalisation)
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- [Recherche des briques de la vie](#recherche-des-briques-de-la-vie)
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- [L'hypothèse d'Alexandre Oparine](#hypothese)
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- [L'expérience de Miller-Urey](#experience)
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- [Formation d'une membrane](#formation-dune-membrane)
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- [Proposition de modèle - formation de micelle](#proposition-de-modèle-formation-de-micelle)
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- [Automate de tesselation](#automate-de-tesselation)
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- [Prolongement](#prolongement)
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- [Protocellule théorique[^4]](#protocellule)
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- [Références](#références)
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# Chimie artificielle <a name="chimie"></a>
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L'évolution a inventé de nombreuses formes de vie. Si elles sont très diverses dans leurs formes, leurs possibilités, leurs modes de duplication, elles reposent toutes sur des mécanismes chimiques. Nous souhaitons l'évoquer dans le cadre de ce court chapitre pas en tant que chimiste, mais en tant que modélisateur, c'est donc vers la chimie artificielle que nous nous tournons.
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## Définition
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La chimie artificielle repose sur la description d'un système de type chimique utilisant des objets appelés molécules, qui interagissent selon des règles ressemblant à des règles de réactions chimiques.
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Elle est souvent utilisée pour comprendre les propriétés fondamentales des systèmes chimiques et en particulier les systèmes prébiotiques. Dans ce cadre, lié à la vie artificielle, les questions posées sont :
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* origine et évolution des molécules informatives, acides nucléiques et protéines ;
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* apparition et évolution du métabolisme assurant l'utilisation des matériaux et de l'énergie de l'environnement pour le fonctionnement cellulaire (approvisionnement énergétique, biosynthèses, reproduction) ;
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* origine des molécules permettant la compartimentation et de la première cellule limitée par une membrane.
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Les réactions chimiques - souvent biochimiques - sont simulées par ordinateur, donnant un aperçu de l'évolution, de l'auto-assemblage et d'autres phénomènes biochimiques.
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On n'utilise pas de produits chimiques réels et cela ne doit pas être confondu avec la chimie de synthèse ou la chimie computationnelle.
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### Formalisation
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Un système de chimie artificiel est défini par un triplet $`(S, R, A)`$, dans lequel :
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* $`S`$ est l'ensemble des molécules, $`S=\{s_1, ..., s_n\}`$, $`n`$ est donc le cardinal de l'ensemble et c'est le nombre de molécules. Dans certain cas $`n`$ peut être considéré comme infini.
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* $`R`$ est un ensemble d'opérations n-aires sur les molécules appartenant à $`S`$. C'est l'ensemble des règles de réaction $`R=\{r_1,....r_q\}`$. Chaque règle $`r_i`$ est définie comme une réaction chimique.
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* A est l'algorithme qui décrit comment appliquer les règles de $`R`$ à un sous ensemble
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$`P \subset S`$.
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## Recherche des briques de la vie
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À ce jour, on considère que l'age de l'univers est $`t\sim 13,819\times 10^{9}`$ ans et que la Terre est beaucoup plus jeune :smiley: puisqu'elle aurait $`4,54 \times 10^9`$ annés. La vie y serait apparue rapidement puisque les plus anciens micro-organismes fossiles sont datés d'au moins $`3,5 10^9`$ ans. La question reste encore ouverte car des nouvelles découvertes laissent penser qu'elle aurait pu apparaître il y a $`4,28 \times 10^9`$ années.
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<img src="uploads/cadf9e2fa361838dff09c3601e669eac/Stromatolites.jpg" />
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<figcaption>Stromatolithes du Précambrien. Source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Stromatolites.jpg</figcaption>
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### L'hypothèse d'[Alexandre Oparine](https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Oparine)
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<a name="hypothese"></a>
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Dans les années 1920, le biochimiste russe Alexandre Oparine émet l'hypothèse
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que des composés chimiques comme le méthane, le dioxyde de carbone ou l'ammoniac
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qu'il y a eu dans l'atmosphère de la terre primitive sous l'action des rayons UV du Soleil ou des éclairs, ont pu réagir en se cassant pour former des coacervats (typiquement des gouttelettes de lipides). Cela aurait constitué une soupe primitive et les molécules organiques auraient permis la formation des premières cellules vivantes.
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L'atmosphère terrestre n'était pas celle que l'on connait aujourd'hui, elle était peut-être (sans doute) dépourvue d'oxygène et donc, il est possible que les molécules aient pu se constituer sans être oxydées. L'oxydation conduisant à une dégradation (cf. toute les pubs sur les anti-oxydants pour ne pas vieillir). L'apparition de la vie et le développement de la photosynthèse faisant le reste. Cette dernière apparaît il y a plus de $`3,7 10^9`$ d'années chez des bactéries sulfato-réductrices
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### L'expérience de [Miller-Urey](https://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9rience_de_Miller-Urey)
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<a name="experience"></a>
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En 1952 le doctorant de Harold Urey, Stanley Miller a testé la théorie d'Aleksandre Oparine en réalisant une expérience. Il a constitué un mélange de gaz supposé représenté l'atmosphère de la Terre primitive (méthane, ammoniac, dihydrogène, vapeur d'eau), il a simulé l'océan avec une fiole d'eau chauffée et utilisé un arc électrique pour réaliser les impacts d'éclairs.
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<img src="uploads/bf103e5074d56323d4a6c426bc635fbe/Miller-Urey_experiment-fr.svg.png" />
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<figcaption>Montage expérimental de Miller Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9rience_de_Miller-Urey#/media/File:Miller-Urey_experiment-fr.svg <br/></figcaption>
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Les résultats de l'expérience ont montré que des acides aminés, les blocs constitutifs de la vie, peuvent se former dans ces conditions.Stanley Miller a mis en évidence la présence de 11 types différents d’acides aminés.
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Une critique est faite actuellement car les modèles (actuels) d'atmosphère primitive tablent sur une atmosphère moins riche en hydrogène et plus riche en $`CO_2`$.
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Du gaz, de l'eau, des éclairs et les briques de la vie sont là !
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## Formation d'une membrane
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Nous avons défini la [vie](/Qu'est-ce-que-la-vie#la-vie-en-master-1) comme l’une des propriétés émergentes d'un système autopoïétique dissipatif. L'un des élément fondamental est la clôture opérationnelle qui se traduit dans le cadre du vivant par une membrane. Nous allons tenter dans ce qui suit de décrire les mécanismes de formation potentiels et de ce fait comment éventuellement modéliser la formation d'une membrane à partir de composant physico-chimiques simulés.
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Les membranes servent à contrôler sélectivement ce qui rentre et ce qui sort
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elles sont constituées en majorité de phospholipides. Ces derniers possèdent une queue hydrophobe (qui craint l'eau) et un groupe de tête hydrophile (qui aime l'eau).
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Lorsque les phospholipides sont dans l'eau, les molécules s'organisent spontanément de sorte que les queues soient protégées de l'eau, cela entraîne la formation de structures membranaires telles que des bicouches, des vésicules et des micelles.
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<img src="uploads/f712749c6656a15fd92feda564819c60/290px-Lipid_bilayer_section.gif" />
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<figcaption>Double couche lipidique Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/f0/Lipid_bilayer_section.gif/290px-Lipid_bilayer_section.gif <br/></figcaption>
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</figure>
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### Proposition de modèle - formation de micelle
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On va définir un milieu composé de molécules d'eau et de phospholipides. Les phospholipides ont une extrémité hydrophile et une autre extrémité hydrophobe. L'extrémité hydrophile est attirée par l'eau et l'autre extrémité repousse l'eau.
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À chaque pas de temps, chaque molécule choisit une autre molécule dans sa zone d'interaction. Il y a plusieurs cas possibles :
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* 2 molécules d'eau ;
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* 1 molécule d'eau et une tête hydrophile d'un phospholipide ;
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* 2 têtes hydrophiles ou 2 têtes hydrophobes.
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La molécule choisie se déplace (vers l'autre) en fonction d'une force d'attraction fixée. Sinon nous sommes en présence d'une molécule d'eau et d'une tête hydrophobe, la molécule choisie se déplace (s'éloigne) en fonction d'une force de répulsion.
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Après ce déplacement, on vérifie, en fonction d'une distance fixée, que la molécule n'est pas trop proche d'autres molécules, si c'est le cas on déplace cette dernière.
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Vous coderez en Processing ou Netlogo, ce modèle et vous proposerez des mesures permettant d'étudier la trajectoire du système, ainsi qu'un plan d'expérience. En particulier vous améliorerez le modèle proposé afin d'obtenir réellement des structures fermées.
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## Automate de tesselation
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Dans ce qui précède, on a donc vu qu'il était possible de créer une membrane définissant une clôture. Pour aller plus loin, il faut maintenant imaginer un système qui puissent l'autoproduire. On retrouve ici, le concept d'autopïese, du grec autos (soi) et poiein (produire), déjà présenté.
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McMullin et Varela ont propose un "modèle minimal" de l’autopoièse[^1]. Ce dernier a été modifié par Bourgine et Stewart[^2], qui l'ont simplifié. Ils le définissent de la façon suivante[^3] :
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* L’automate comporte une membrane $`M`$ formée de composants $`C`$.
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* Les composants $`C`$ se dégradent en des composants $`D`$ : $`C \rightarrow D`$. La vitesse de cette réaction dépend d’un paramètre qui correspond au taux de désintégration spontanée. Le composant D s’échappe dans l’environnement extra-cellulaire, laissant derrière lui un trou dans la membrane.
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* Les composants B sont formés à partir de deux molécules A : $`A+A \rightarrow B`$. Cette réaction est catalysée par la surface intérieure de la membrane. La vitesse de cette réaction dépend d’un paramètre qui correspond à l’efficacité de la catalyse.
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* Les molécules A sont disponibles dans le milieu extérieur, avec une concentration fixe $`C_0`$. $`A`$ diffuse librement à travers la membrane ; puisque la concentration de $`A`$ à l’intérieur de la membrane est diminuée par la réaction chimique $`A+A \rightarrow B`$, il y a un flux de molécules A vers l’intérieur.
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* La membrane est imperméable aux molécules $`B`$, qui s’accumulent dans l’espace intracellulaire. Si une molécule $`B`$ rencontre le bord d’un trou dans la membrane, elle s’attache à la surface et devient une molécule $`C`$ qui répare le trou partiellement ou totalement le trou. Si le trou est plus grand qu’une molécule $`C`$, il y est possible avec une certaine possibilité que la molécule $`B`$ passe par le trou sans s’attacher aux bords. Cette probabilité augmente avec la taille du trou. Si une molécule $`B`$ passe effectivement par un trou, elle est perdue dans le milieu extérieur.
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Vous coderez en Processing ou Netlogo, ce modèle et vous proposerez des mesures permettant d'étudier la trajectoire du système, ainsi qu'un plan d'expérience.
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## Prolongement
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Combinez les deux modèles.
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## Protocellule théorique[^4]
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<a name="protocellule"></a>
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Une protocellule "théorique" est composée uniquement de deux composants moléculaires : une membrane phospholipidique encapsulant de l'ARN ribosomique. Cette protocellule extrémement simple et réduite peut croître, se répliquer et évoluer.
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<figure>
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<img src="uploads/ad21e77365be224aab30cea55e8f4866/protocellIllustration.jpg" />
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<figcaption>Protocellule avec sa membrane l'ARN. Source : http://exploringorigins.org/protocells.html <br/></figcaption>
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</figure>
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Le site exploringorigins[^4] nous propose une vidéo simulant l'évolution d'une protocellule.
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La protocellule d'origine contient deux ARN réplicases (ou ARN polymérase ARN-dépendante)
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qui peuvent réaliser des copies des unes des autres. La membrane elle se développe grâce à l'ajout d'acides gras provenant des collisions de micelles. Cela provoque l'augmentation de la surface de la protocellule alors que le volume reste constant, ce qui entraîne l'allongement et une instabilité accrue de la membrane de la protocellule. La membrane se divise finalement, formant deux protocellules filles, avec les réplicases d'ARN réparties au hasard.
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# Références
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[^1]: McMullin, Barry, et Francisco J. Varela. (1997). _Rediscovering computational autopoiesis_. Santa Fe Institute.
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[^2]: Bourgine Paul et Stewart John. (2004). _[Autopoiesis and cognition](https://www.mitpressjournals.org/doi/pdf/10.1162/1064546041255557)_. Artificial life, 2004, vol. 10, no 3, p. 327-345.
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[^3]: La description donnée ici est une reprise de celle proposée par Bourgine et Stewart.
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[^4]: http://exploringorigins.org/protocells.html
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